Si le hasard t'amène, le plaisir te ramènera ! Éric est belge, suite à des recherches sur l'Aude il est tombé sur mon site qui lui a plu, il m'a contacté et de fil en aiguille nous avons sympathisé. Le voyant très intéressé par l'histoire de son village je lui ai proposé d'écrire un reportage et de prendre des photos, et je mettrai le tout en forme sur mon site. Avec enthousiasme il se prit au jeu, et voici le résultat que je vous propose de découvrir. Soit dit en passant, il y avait bien longtemps que je n'avais pas eu de participation aussi active, cela m'a fait énormément plaisir, Merci Éric. Son travail complet, car il s'agit bien d'un travail, expurgé ici, est visible et entièrement téléchargeable sur son site badens.manoirsaintroch.be .
Je constate que vous appréciez mes reportages, qu'ils ne vous laissent pas indifférents et qu'ils aiguisent votre curiosité. N'hésitez pas à laisser vos commentaires à la fin de l'article, ils sont les bienvenus, et si vous avez des idées d'articles futurs, contactez moi... Merci de faire suivre à vos relations l'adresse de mon site www.belcaire-pyrenees.com
Je vous souhaite une bonne découverte.
ATTENTION ! CE REPORTAGE RICHE EN INFORMATION EST RÉALISÉ EN 3 PARTIES
Une info le reportage intitulé "fleur de lys gravée sur un coeur de pierre" a été complété en fin d'article par des photos adressées par des internautes passionnés. A voir ICI .
PRÉSENTATION DE L'AUTEUR DE CE REPORTAGE
Je suis tombé amoureux de ce village !
Je suis citadin dans une ville de 27.000 habitants, en Belgique, où quand il ne pleut pas, c’est qu’il va pleuvoir, et lorsqu'en 2014 mon épouse a voulu acheter une maison de vacances au soleil, nous sommes tombés amoureux de ce village au creux des vignes… Badens. Moins de 800 habitants. Une différence ! J’y retourne quasi tous les mois, et, lorsque faisant des recherches Internet sur tous les lieux remarquables de l’Aude et des Pyrénées Orientales, je suis tombé sur le site de Jean-Pierre, depuis devenu un ami, et qui regroupe énormément de reportages écrits avec passion, et, je puis le dire, avec amour, sur ces belles régions. Sur l'initiative et les conseils de Jean-Pierre, j’ai eu moi aussi envie de faire un article sur "mon" village. Au fur et à mesure de mes photos et investigations, j’en apprenais tous les jours un peu plus, et ai ainsi diversifié mon article. Celui-ci m’a fait rencontrer des gens fort agréables, dont Reine Pons, notre voisine, Alain Estival, le maire, ancien instituteur de Capendu (bourgade proche), Pierre Ferret, propriétaire d’une partie du château, Alain Courtois, passionné de l’histoire de Badens et d’antiquités,… qu’ils soient ici remerciés de leur grande gentillesse et de leur aide précieuse. Cependant, j’ai l’impression profonde de n’avoir fait que survoler les différents aspects du village, j’en apprendrai toujours de plus en plus sur Badens… et je l’aimerai de plus en plus !
Mes prospections m’ont fait lire des tonnes d’anciens livres, mais m’ont également fait découvrir que je n’étais pas le premier à vouloir creuser le passé pour mieux apprécier le présent de ce village, et qu’il y a près de 25 ans, des incroyables recherches - et même études - formidablement poussées avaient été effectuées par certains habitants du village à l’occasion du millénaire de celui-ci. Ils ont formé l’« Association du Millénaire », et ne voulaient au départ ne publier qu’un fascicule. Mais devant les mines d’informations et, je n’en doute pas une seconde, le plaisir qu’ils ont eu à les explorer, ils ont fini par publier un formidable livre, intitulé Badens en Minervois, son histoire retrouvée…, publié en 1993, et qui, ab-so-lu-ment incontournable, se retrouvera souvent ici. Cependant, ayant mené des recherches individuelles, je garde espoir que les badenois qui liront mon humble reportage, réalisé avec un regard plus photographique, y découvriront l’une ou l’autre information qu’ils ignoraient… ce serait ma plus belle récompense !
Le travail de recherche, les plans, cartes, visuels que j’ai créé ainsi que toutes mes photos personnelles sont sous droit d’auteur : © 2017 MSR (Eric MASY, Un Regard sur Badens, Ed. Manoir Saint Roch, Nivelles, Belgique. Les photos satellite sont de Google et sont signalées. D’autres sont issues du magnifique site « La Porte du Temps » et sont également notées. Ce travail ne peut être utilisé à d’autres fins que privées.
Travail complet téléchargeable sur : badens.manoirsaintroch.be
Le village de Badens se situe à 109 km de Toulouse, 14 km de Carcassonne, 51 km de Narbonne, 64 km de Béziers, 105 km de Perpignan et 218 km de Cahors.
GÉOGRAPHIE
Prolongeant la plaine du Bas-Languedoc qui s'étend au nord de Béziers, la plaine de l'Aude constitue la partie méditerranéenne du sillon audois. En retrait du littoral, à l'arrière de la montagne de la Clape, elle s'enfonce loin dans les terres entre Narbonne/Béziers jusqu'à Carcassonne, sur une soixantaine de kilomètres. Cette vaste plaine drainée par l'Aude, l'Orbieu et la Cesse, occupe les bords de l'Aude sur une dizaine de kilomètres de largeur et s'avance dans les Corbières vers Fabrezan et Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse. Elle est bordée par la Montagne Noire au nord et les Corbières au sud, et se trouve rétrécie au niveau de Lézignan-Corbières par les collines du Bas-Minervois qui s'étendent entre le Minervois et la montagne d'Alaric. Présentant un relief nettement aplani, elle constitue l'axe naturel de communication privilégié vers Toulouse. Cette "gouttière" naturelle était traversée dès l'époque romaine par la voie d'Aquitaine qui permettait de joindre l'Atlantique à la Méditerranée. Aujourd'hui, la RN 113, l'A61 et la ligne de chemin de fer la longent au sud, tandis que le Canal du Midi reste proche du cours de l'Aude et la traverse au nord.
Badens est une commune française située dans le département de l'Aude et la région Languedoc-Roussillon. C’est un petit village situé à 15 km à l’est de Carcassonne, entre la montagne Noire et Les monts d'Alaric, premiers versants des Corbières. Ses habitants sont appelés les Badenois. D’une superficie de 9,6 km², et s’il comptait 209 habitants en 1793, il est passé à 793 habitants en 2014, et montre donc une densité de 83,3 habitants par km². Ses coordonnées géographiques sont 43° 13′ 08″ Nord et 2° 31′ 32″ Est.
Pourtant à proximité des axes de circulation, ce village n'en est pas moins resté un peu à l'écart, ce qui favorise calme et tranquillité.
À partir de Trèbes, il faut s'enfoncer dans l'arrière-pays audois par la RD 206, à travers les collines du Minervois, pour découvrir le village, niché au milieu des vignes, ceinturé au couchant par des massifs boisés en limite de commune... Ces vignes, parfois centenaires, témoignent de la vocation viticole de Badens dont le sol s'est conjugué au climat méditerranéen et a favorisé le renom de son vignoble pour la qualité supérieure de son vin.
ORIGINE, BADENS A MILLE ANS
Le village a changé de nom au fil des siècles : Villa Badencus (993) ; Villa de Badenco (1108) ; Badenx (1119) ; Castellum et villa de Badencs (1149) ; Castrum de Badincho (1262) ; Ladenx-Badenx (1262) ; Beata Eulalia de Badincis (1269) ; De Badinchis (1299) ; De Badensis (1330) ; De Badinchis (1351 - 1494) ; Badins (1529) ; Badenlx (1532) et finalement Badens (XVlle siècle).
Vers 118 av. J-C, les romains envahissent le territoire des Volques Tectosages, peuplade gauloise, qui s’étendait de Narbonne à Toulouse, et, tout en en prenant le contrôle, vivent en paix avec la population (période gallo-romaine). Un recensement de la population et l’établissement d’un cadastre agraire apparaissent. De multiples villages couvrirent peu à peu le territoire, composées d’une habitation principale et de nombreux bâtiments agricoles annexes, et leur exploitation est assurée par des fermiers et des esclaves.
Du milieu du IIIème siècle jusqu’à la fin du Vème siècle, des hordes de barbares viennent du nord, et parmi eux, les Wisigoths en 435, qui chassent les romains, et établissent leur royauté jusqu’au début du VIIIème siècle.
Le nom de Badens aurait une origine germanique. Les Wisigoths d'origine germanique étaient devenus les maîtres de la Narbonnaise qui faisait partie du royaume wisigoth de Toulouse (de 414 à 507). Clovis les attaqua, les vainquit à Vouillé en 507 (près de Poitiers), les poursuivit jusqu'à Toulouse, envahit le Lauragais et vint mettre le siège devant Carcassonne, mais dut se retirer sans l'avoir prise. Les Wisigoths fortifièrent Carcassonne et la placèrent sous la protection des deux forts d'Alairac (11km au SW de Carcassonne) et de Miramont (à Barbaira, à 13km à l’est de Carcassonne). Ils imitèrent les Romains en toute chose mais ils n'en avaient pas le génie. Leur langue seule a laissé des traces : les villages en -ens (Douzens, Badens, Sauzens, Pezens, Moussoulens, Maquens…) ou le nom du Mont d’Alaric, datent des Wisigoths.
En 725, Carcassonne est conquise par les Berbères et devient sarrasine.
Charles Martel et la dynastie carolingienne la reconquerront à l’aube du IXème siècle, et une stabilité relative s’installera jusqu’à l’avènement de Hugues Capet… nous sommes alors en 993, et Badens s’appelait Badencus….
Le plus ancien écrit mentionnant Badens, date de novembre 993, est écrit en latin, et fait en effet état de la "villa Badencus" dans un échange d’alleus entre Udulgarius, abbé de Caunes, et Roger, comte de Carcassonne, concernant Aquaviva, qui plus tard deviendra Aigues-Vives, village voisin qui existe toujours. À cette époque moyenâgeuse, la villa était un terroir et correspondait à une forme d'habitat différent de celle du village actuel qui a dû s'implanter par la suite et s'organiser autour du château. Un ‘alleu‘ (‘alaudem’) était une terre libre de toute sujétion (par opposition au fief).
QUELQUES DATES DANS L'HISTOIRE DU VILLAGE ...
- En 1149 (le 29 août), sous le règne du roi Louis (II Le Jeune), le village et son château seigneurial furent donnés en fief par Roger, vicomte de Carcassonne, dans un de ses derniers actes, à Pierre de Minerve, qui se reconnaît son vassal, du village et du château de Badens et autres.
- En 1315. Juillet. Louis le Hutin convoqua, pour la guerre des Flandres, tous les vassaux de la couronne […] et les communes de chaque baillage ou sénéchaussée furent obligés de lui fournir un certain nombre de gens d’armes ou de pied entretenus à leurs dépens. […] On trouve, parmi les [gens d’armes de la sénéchaussée de Carcassonne]… Jean de Saint Denys, coseigneur de Badens,….
- En 1329, « Le seigneur de Badins » est nommé au Roulle du ban et arrière ban de la Sénéchaussée de Carcassonne.
- En 1367, 26 avril. — Acte de vente faite à Koger-Bernard de Lévis I°, seigneur de Lagarde et de Montségur, par Maurice Poisson, seigneur de Badens, d'un moulin situé dans le territoire de Mirepoix, sur la rivière de l'Hers, plus de trente setiers de grains de renie, dont deux parts d'orge et une part de froment, que ledit vendeur possède sur plusieurs particuliers, entre autre sur Jean Baile, fils de Raymond, du Cazal-des-Bailes. Le prix de vente était de 200 écus d'or au coin du roi. (Fonds Cujus-Mirepoix, liasse A3, n° 21)
- En 1644, 22 août – Serment de fidélité prêté au Roi, par les consuls de Badens. Les habitants de ce lieu ont la faculté de faire dépaître leur bétail dans tout le terroir de la Commune (Viguerie, ut supra).
La maison DUPAC possèdera la seigneurie de Badens depuis la moitié du XVIème siècle jusqu’à la Révolution. Avant la Révolution de 1789, le seigneur de Badens possédait, à titre patrimonial, la haute, moyenne et basse justice, laquelle ressortissait de la Sénéchaussée de Carcassonne. Il y avait deux conseils dans cette communauté ; ils entraient en fonction le premier jour de l’an. La communauté, par délibération, présentait deux sujets pour le premier consulat, et deux pour le second, parmi lesquels le seigneur choisissait. Le serment était prêté devant le seigneur.
Le seigneur était propriétaire du château féodal, de plusieurs habitations au centre du vieux bourg, de pratiquement toute la partie nord du territoire de Badens, et de multiples parcelles disséminées au sud.
En 1993, Badens fêtait ses 1.000 ans d'existence.
À l’occasion de la commémoration des mille ans du village, le boulanger de Badens créa un gâteau qu'il baptisa Le Millénaire.
Une fresque murale extérieure, peinte par Anne-Marie COSTESEC, aidée par Elisabeth TAUDOU fut réalisée pour l’événement au mois de juillet de cette année. Cette superbe fresque retrace l'histoire badénoise au travers des événements marquants comme le premier document datant de 993, la donation du château en fief à Pierre de Minerve par Roger de Carcassonne en 1149, la vente faite aux calendes de juin le départ du seigneur de Badens pour la guerre des Flandres en 1315, etc.
Les différents tableaux sont repris individuellement en plus grand format dans ce reportage, aux chapitres les concernant.
HYDROGRAPHIE
Dans la commune de Badens, le ruisseau de Trachaman, qui coule au nord-ouest de la commune, rejoint le ruisseau de Buadelle qui lui a pris naissance encore plus au nord-ouest, puis continue sud-est, devient le ruisseau de Réals, qui coule vers l’est jusqu’à sortir de la commune.
A l’ouest, le ruisseau Maire passe au-dessus du village et rejoint à l’est le ruisseau Canet, qui lui vient également de l‘ouest, mais passe à travers le village, puis continue encore à l’est après sa jonction avec le ruisseau Maire.
Le ruisseau Mijane prend naissance à l’est du village, et coulera parallèlement au ruisseau Canet vers l’est pour le rejoindre en dehors des frontières communales.
Le ruisseau Ste Eulalie passe à travers la commune au sud du village, longe la frontière communale au sud-ouest pour rejoindre le ruisseau de l 'Aqueduc qui longe aussi un morceau de la frontière sud, tandis que le ruisseau des Escanals longe un morceau de la frontière de la commune au sud-est.
HÉRALDIQUE
Les premières traces des armoiries de Badens remontent en 1696, et sont décrites en 1703 :
Inventorié par Charles d’Hozier en 1696.
1703. La Communauté des habitants du lieu de Badens : « De sinople à un chef d'argent ». Sinople signifie vert, et argent, blanc).
OENOLOGIE
La vocation de Badens est viticole, et l’on retrouve déjà en 1293 la trace d’un vignoble dans les textes historiques :
1539 Dénombrement fait par Jean de Grave, devant le sénéchal de Carcassonne, le 26 février 1539.
[…] 31° (Je tiens) A Badens, une vigne.
Le cartulaire de Mahul, tome 1 de 1857, ne cite, comme agriculture de Badens, que les vignes, mais indique également la référence suivante :
1295. — Vente faite aux calendes de juin 1293, par le susdit Rogier, à Creche d‘Aurenche, d’une vigne au terroir de Badens, relevant de la directe de la dame dudit lieu. Acte retenu et signé par le susdit Amel, notaire (DOAT. vol 233, fol 939. recto).
Les vignes parfois centenaires témoignent de la vocation viticole de Badens. Sept domaines viticoles sont répartis sur la commune : La Grave, Mirausse, Borie-Neuve, Septserous, Saint-Georges, Milleret et Sainte-Eulalie.
Sur les 960 ha du territoire badenois, les vignes en occupent 605. La commune bénéficie d’une appellation particulière de vins de pays : Hauts de Badens.
Le vin produit concerne cette commune uniquement, ce qui est rare pour un vin de pays. Le terroir est typique des paysages de vignes du Sud de la France. Grenache, syrah, mourvèdre, cinsault et carignan sont plantés autour du village, et accompagnés de cépages bordelais qui agrémentent les assemblages des vins rouges et rosés. Le chardonnay, clairette et ugni blanc sont utilisés dans l'élaboration des vins blancs légèrement acides et fruités.
"Les producteurs actuels sont : Château Badens-Ferret, Pierre Cros, Château Astruc Sainte Eulalie, Château La Grave, Château Mirausse, Château Borie Neuve, tandis que d’autres vignerons producteurs amènent leur vin en coopérative : Mrs Campet-Cabal, Pierre et Paul Estival, Christian Gieules, Antoine Garcia, Laïd Kimoun, Yamina Klouchi, Vidal, Melle Carole Ortéga. Cependant, comme les vignerons ne sont plus obligés de déclarer leur récolte en mairie, j’ai peut-être omis certains noms. Soyez gentils de me signaler mes erreurs…"
Ont disparu, pour la plupart pour des raisons de difficultés de la filière, entre autres : Château Septserous, Château Saint-Léon, Château de Miremont, Château Milleret,…
BADENS, VILLAGE ÉTOILÉ
Présentation de Badens
Badens est un tout petit village de 800 habitants (12163ème ville au niveau national), s'étalant sur une surface au sol de 10km².
(Evolution de la population de la commune de 1973 à 2014)
Badens, village étoilé
Depuis l'année 2009, la commune de Badens, suite à une décision du conseil municipal, pratique l'extinction de l'éclairage public de 0h30 à 5 heures Cette extinction a permis à la commune de participer au concours «Villes et villages étoilés» organisé par l'Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturne (ANPCEN) afin d'obtenir le label honorifique «Villes et villages étoilés», qui récompense les communes faisant des efforts pour réduire la pollution lumineuse, générée notamment par l'éclairage public. Suite à cette initiative, la commune de Badens a obtenu ce label (une étoile attribuée en fonction de l'économie d'énergie réalisée) ; le nombre d'étoiles évoluera suivant l'évolution de l'économie d'énergie.
Badens, Video de présentation
Une vidéo de présentation du village aux nouveaux arrivants d’une durée de 13 minutes a été tournée par A.Escourrou, responsable du Service de la Jeunesse municipale de Badens. Différents badenois(es) souhaitent la bienvenue à de nouveaux habitants, et leur présentent quelques services du village.
Cette vidéo peut être visionnée à l’adresse :
http://www.dailymotion.com/video/xmothq_badens-se-presente_shortfilms
Voici des anciennes cartes postales présentant une vue générale du village de Badens, toutes différentes (réédition comprise), mais toutes prises depuis le site du château de Miremont.
D’autres cartes postales sont éditées plus récemment sur le village, soit sur base de photos :
Soit sur base de dessins édités par Y. Ducourtioux et mis en vente sur Internet.
Une carte postale remarquable trouvée au cours de mes investigations, datant de décembre 1940, adressée à « Meur et Mme Julien, propriétaires à Badens (Aude)». :
LES ÉTANGS DE MARSEILLETTE
Badens est situé à 2 km à l’ouest des étangs de la Marseillette, cuvette de 2000 hectares dont les eaux étaient purifiées, il y a 40.000 ans, par les eaux de l’Aude. Edmond Baichère affirme qu’au VIIIe siècle, les travaux de défrichement et déboisement des collines environnantes ont tari ou affaibli les ruisseaux en été : le lac, manquant d’eau, a vu son niveau baisser et il n’a plus été en communication avec l’Aude. Il s’est transformé ainsi en marécage nauséabond pendant l’Antiquité.
Au Moyen-âge, les populations avoisinantes, dont celles de Badens, sont décimées par les fièvres paludéennes et le choléra, véhiculés par les moustiques de l’étang. (La légende du Pont Naturel de Saint Jean à Aigues-Vives apportait une explication aux épidémies de ces fièvres, voir ci-dessous). La population de Badens a chuté vers 1350, diminution qui pourrait être attribuée à la peste noire. A partir de 1302, on procède à plusieurs tentatives d’assèchement, qui fut réussi en 1625 par la famille Ranchin. Cependant, les épidémies de peste de 1626 à 1632 et les guerres déciment à nouveau la population, et le manque d’entretien de la rigole qui évacuait l’eau fait que l’étang se remplit d’eaux stagnantes qui gangrènent encore plus la santé des villageois des alentours. De multiples tracas administratifs, des subdivisions, de nombreux changements de propriétaires et des projets opposés (réservoir d’eau pour le canal du midi pour les uns ou au contraire assèchement des terres pour cultures pour les autres) feront que des travaux d’assèchement ne seront à nouveau accomplis qu’en 1808 par le creusement de trois nouvelles rigoles de vidange par une irlandaise, Marie-Anne Lawless, qui a racheté la totalité des parcelles de l’étang ; cela permet que de riches moissons croissent dès lors à leur emplacement (1200 ha de céréales, 30 ha de vignes, le reste des terres sont improductives ou presque).
Mais l’entretien et l’exploitation de l’étang reviennent plus chers qu’ils ne rapportent, et M-A Lawless s’endette. L’étang est racheté en 1844 par la Caisse Hypothécaire. Celle-ci, afin de laver les terres du sel qui y est contenu, fait creuser le tunnel dit de Naudy (2,2km), qui amènera les eaux de l’Aude dans l’étang, puis morcelle les terres et les revend.
Mais, négligés, les étangs vont se retrouver à nouveau partiellement immergés. Rachetés en 1912 par la famille Camman, 820 hectares se verront pourvus d’une centrale hydroélectrique et ses canaux à nouveau entretenus pour la culture. L’étang fut encore revendu vers 1941, puis racheté par la SAFER (Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural) en 1965. On y fait actuellement pousser du riz, des vignes et des pommiers.
Légende du Pont Naturel de Saint Jean à Aigues-Vives (apportait une explication aux épidémies de ‘fièvres pestilentielles’ du Moyen-âge) (extrait de la revue ‘Etudes Scientifiques de l'Aude’) :
[Parlant du Pont Naturel de Saint Jean :] Très intéressant par lui-même, splendide observatoire permettant à l'œil d'examiner tous les replis de terrain depuis la Montagne-Noire jusqu'à l'Alaric, un pareil site ne pouvait manquer d'exciter la verve des conteurs durant les longues veillées d'hiver: « Tout le monde sait qu'à une époque le pays était décimé par les fièvres paludéennes. Les villages d'alentour se trouvaient chaque année plus ou moins atteints. A ce propos, les malins racontent qu'après la disparition des moines du prieuré, tous les ans, le 24 juin, vers minuit, des fées en grand nombre se rendaient sur ce pont pour clôturer à leur manière la fête de Saint-Jean. Tandis que tout dormait aux environs, ces fées, revêtues ce soir-là de leurs plus beaux atours, se voyaient servir comme par enchantement le festin le plus somptueux qu'on puisse imaginer ; à la fin, ivres de joie, elles ôtaient leurs riches parures et, tout autour d'un grand feu, dont la flamme montait, montait jusqu'au ciel, elles dansaient la farandole in albis (vêtues ‘en blanc’). Puis, après de nouvelles et copieuses libations, elles tiraient au sort pour désigner le village qui aurait les fièvres l'année suivante. Mais, soit préférence, soit rancune à l'égard de tel ou tel village, certaines fées en venaient parfois à se quereller, à se disputer furieusement, à se prendre même aux cheveux !!!
Finalement, suivant que le sort en était jeté et proclamé, Aigues-vives, Saint-Frichoux, Laure, Puichéric, Badens ou Marseillette devenait, l'année d'après, victime des fièvres » Pauvres fées ! Le défrichement de l'étang et l'assainissement de toute la région circonvoisine, conséquence heureuse de cette œuvre remarquable, leur ont causé un irréparable dommage, au grand dam des curieux qu'aurait singulièrement intéressés la scène du feu de la Saint-Jean.
Les blocs ont continué à se détacher, et le 18 décembre 1960, après un hiver très rigoureux le pont s'est écroulé, laissant un grand vide dans le panorama.
LA MAISON DUPAC DE BADENS
Cette famille noble est divisée en trois branches. La première est celle de DUPAC, seigneurs de Bellegarde, au Diocèse de Narbonne ; la seconde branche est celle de DUPAC, seigneurs de Badens, au diocèse de Carcassonne ; et la troisième est celle de DUPAC, seigneur de Ponserme, au Diocèse de Narbonne.
Le blason de la famille DUPAC peut se voir à l’intérieur de l’église de Badens.
Cette noblesse est originaire du Béarn et attachée de temps immémorial aux Rois de Navarre. C‘est sans doute de là que lui est venue la concession de joindre à ses armes une vache de gueules clarinée d‘azur semblable à celle de l’écu de Béarn.
La maison DUPAC a possédé la terre et seigneurie de la Salle, dans la vallée de Biros, en Comminges, avant l‘an 1389 et plusieurs siècles après.
Si l’on peut remonter la généalogie de la famille DUPAC jusqu’à un duc de Normandie DE PACQ en l’an 860, la branche qui nous intéresse commence avec François DUPAC IIème du nom, qui décède en 1566 en laissant pour descendance, Antoine, Pierre, Anne, Geneviève, Jean François III et Philippe..
Si c’est Antoine qui deviendra seigneur de Bellegarde, et Pierre, seigneur de Ponserme, c’est Jean-François qui sera auteur de la branche des seigneurs de Badens.
C’est en effet par ses épousailles avec Madeleine FERROUIL de SEILLES, dame de Badens, que Jean-François DUPAC III fait en effet entrer Badens dans ses possessions, le 8 mai 1583.
Auront donc la propriété et le nom de DUPAC DE BADENS :
Branche François II du PAC seigneur de Lasalle
1) JEAN-FRANCOIS DUPAC, Seigneur de Badens, né en 1555
2) BLAISE DUPAC, Seigneur de Badens, né vers 1590
3) GABRIEL DUPAC, Seigneur de Badens
4) GABRIEL-BAPTISTE DUPAC, Seigneur de Badens, né le 18 Avril 1685. Il aura etre autres deux filles qui sont enterrées dans le sanctuaire de l’église Ste Eulalie de Badens.
5) GABRIEL DUPAC, Seigneur de Badens, né le 22 Octobre 1737. Il fut le dernier seigneur de Badens. Ancien officier d'infanterie, imbu de ses prérogatives, inflexible, hautain, il est élu second député de l’ordre de la noblesse de la Sénéchaussée de Carcassonne aux États généraux du 26 mars 1789.
Il siège à l'extrême droite, est opposé à toutes les idées de réforme, de concession et révolution. Au cours de la nuit du 4 août 1789, il proteste contre l'abolition des privilèges. Le 30 janvier 1790, il se démet de son mandat de député.
(30 janvier 1790 : Lettre de Gabriel-Marie Dupac de Badens à son suppléant Henri de Paschal de Rochegude (1741-1834))
Badens 30 janvier 1790,
Ma santé est si dérangée Monsieur le marquis que ne pouvant plus prévoir l'époque où je serai en état de rejoindre l'assemblée nationale, j'écris par ce même courrier à Mr le président pour le prévenir et le prier de supplier l'assemblée d'accepter ma démission, afin que la sénéchaussée de Carcassonne ne soit pas privée plus longtemps d'un de ses représentants et quelle profite de l'avantage d'en avoir un tel que vous. Je m'empresse d'avoir l'honneur de vous faire part de la démarche que je viens de faire. J'ai l'honneur d'être Monsieur le marquis, avec mes sentiments les plus distingués, votre très humble et très obéissant serviteur.
Le marquis du Pac de Badens
Le château de Badens fut vendu peu après la Révolution, le 27 Ventôse An II (= 17 mars 1794.)
Gabriel Dupac de Badens émigre tour à tour à Chambéry, en Angleterre et en Pologne. Avec Louis XVIII, il rentre à Paris en 1800. En 1813, il formule une requête auprès du Conseil d'État afin de récupérer son domaine de Mirausse et ses terres sur la commune d'Aigues-Vives, qui lui ont été confisquées et vendues comme biens nationaux en adjudication par le Directoire du District de Carcassonne (1794).
Il est décédé à Paris le 29 avril 1829, et repose maintenant dans l’ancien cimetière du Mont-Valérien à Suresnes (92).
6) Gabriel-Paul-Marie du PAC, né le 13 mai 1770 à Badens, marquis de Badens. Mort sans postérité, Gabriel Paul du PAC reconnait par testament du 9 juin 1869 comme l'aîné des du Pac son cousin Antoine Joseph Charles Henri du Pac (1836-1894) et lui demande de relever le titre de marquis de Badens.
Branche Mathieu du PAC 1532-ca 1579
7) Antoine Joseph du PAC de MARSOLIES, marquis de Badens 1836-1894
Badens, photo de la marquise du Pac de Badens Madame Flavie de La Bruyère en 1870.
8) Henri Guy du PAC de MARSOLIES, marquis de Badens 1862-1927
9) Jean du PAC de MARSOLIES, marquis de Badens 12/1892
LE CHÂTEAU FÉODAL
En 1149 (le 29 août), sous le règne du roi Louis (II Le Jeune), le village et son château seigneurial furent donnés en fief par Roger, vicomte de Carcassonne, dans un de ses derniers actes, à Pierre de Minerve, qui se reconnaît son vassal, du village et du château de Badens et autres.
« In nomine Domini, Ego Rogerius de Biteri, donator sum tibi Petro de Minerba et posteritati vestræ, totum hoc quod habeo et habere debco in castello et in villa de Badencs, et in suis terminis, exceptis ipsis justitiis quas ibi retineo.
… Ego jam dictus Petrus de Minerba, laudo et recognosco vobis domino Rogerio prædicto, quod propter hoc donum prædictum sum vester homo. et similiter homo erit vester qui prædietum honorem habuerit post me. »
Traduction : « Au nom du Seigneur, moi, Roger de Béziers, je te donne à toi, Pierre de Minerve et à ta postérité tout ce que je possède et dois posséder dans le château et le village de Badencs, et dans ses limites, excepté les droits de justice que je conserve. – Et moi, Pierre de Minerve, je te loue et je te remercie, et je reconnais qu’à cause de ce précité je suis ton homme et sera aussi ton homme mon successeur. »
En 1313, Jean de Saint Denys, le seigneur de Badens s'y est installé.
(Façade nord. Tour arasée du château.)
(Façade ouest. Tour arasée du château à gauche.)
En rouge, l’église. En jaune, le château d’origine. En bleu, les ailes ajoutées.
La partie nord (en jaune) est la plus ancienne du château.
Elle est bâtie sur le rocher et est érigée sur 4 niveaux.
La toiture est à 4 pentes couverte de tuiles de terre cuite, quatre rangs de génoises ont été soigneusement façonnés.
À l'Ouest, 2 tours carrées reliées par un couloir interne harmonisent l’ensemble.
La façade principale au Nord, dominait les terres du seigneur de Buadelle à Mirausse ; elle est composée au 2ème niveau de 4 grandes fenêtres cintrées. Pour les autres étages, 12 fenêtres de dimensions et de nivellement très différents éclairent les pièces spacieuses. Quand fut instaurées, sous le directoire, l'impôt sur les portes et fenêtres, plusieurs ouvertures ont été murées ou réduites, ce qui explique en partie cette façade mouvementée.
On y accédait par le patio appelé “basse-cour”, situé entre le château et l'église, à l’ouest.
(Escalier d’entrée.)
(Aile Ouest : Escalier du château lors d’un ancien Carnaval)
ou n'y accédait par l'écurie côté nord, d'où démarre un superbe escalier en colimaçon de pierre qui relie tous les étages.
A la fin du XVIIIème siècle, le château est sinistré et est même presqu’entièrement rasé. Après l’avoir restauré, le seigneur a entrepris un agrandissement en plusieurs tranches de travaux.
La première élévation (supposée en orange) est accolée à l'ancien bâtiment. Le fronton construit en pierre du pays reprend l'architecture existante avec de grandes fenêtres rectangulaires à volets et des oeils-de-boeuf pour ajourer les combles. Cette extension conserve une relative majesté. La toiture à une seule pente n’est pas visible depuis les rues du village.
Au Midi, la troisième partie (en vert) est plus récente. À la réalisation, l'aspect cubique a été conservé ainsi que les grandes fenêtres et les œils-de-bœuf. Seuls ont été rapportés des bandeaux de pierre entre les niveaux et au faîtage.
Après tous ces agrandissements successifs, l’ensemble du bâtiment est imposant. D'une hauteur moyenne de 25 mètres, avec une base rectangulaire de 24 mètres sur 31 mètres, il abrite plus de 40 pièces.
Ces parties forment en fait le château originel. Les autres ailes ont été bâties après la révolution car le château avait été presqu'entièrement rasé. La demeure avait donc souffert de ces destructions et a été en partie reconstruite au XVIIIème siècle mais certains endroits sont d'origine, donc du Xème siècle, et le château conserve encore l’aspect monumental.
Il n’était pas encore achevé lorsqu’il fut confisqué au seigneur.
Le château de Badens fut en réalité vendu peu après la Révolution, le 17 mars 1794.
(Cartulaire de Badens)
(Schéma d‘après plan cadastral)
Une ancienne carte postale de Badens, année d’édition inconnue, indiquait : « L’ancien château seigneurial s’élève à l’entrée du village. Il venait d’être rebâti par le seigneur de Badens et n’était pas encore achevé lorsqu’il fut confisqué comme bien d’émigré et vendu en 1793. Il est aujourd’hui divisé en trois propriétaires (MM. Cathary, Costesec et Ferret) et conserve encore l’aspect monumental».
Au jour d’aujourd’hui, Mr Philippe Costesec habite l'aile sud, Mr Jean-Paul Sicard l'aile est, et l'aile nord est appartient toujours à la famille Pierre Ferret, qui ne l’habite plus.
(Aile sud du château)
(Aile est du château)
(Aile nord du château)
(Aile ouest du château)
Le monument visible sur les cartes postales a, dixit Alain Estival, maire, été perdu. Il s’appelait la « Fontaine aux petits ». Il aurait été enlevé il y a quelques dizaines d‘années pour permettre aux camions transportant le raisin de pouvoir prendre le tournant de la rue du Château, et a probablement été détruit par des ferrailleurs.
Attention ! Ce reportage comporte 3 parties, en espérant qu'il vous aura intéressé, n'hésitez pas à laisser vos commentaires en bas de l'article ... et revenez me voir !
Vous désirez être averti de la parution d'un nouvel article ? Inscrivez-vous sur la Newsletter ICI
Tous mes remerciements aux internautes photographes qui ont bien voulu partager et grâce à leurs clichés, permettent de documenter et de mettre en valeur ce reportage, que je réalise bénévolement pour la promotion d'une belle région : L'AUDE !
Voici mon adresse mail pour m'adresser vos documents ou prendre simplement contact :
jp@belcaire-pyrenees.com
Avant de quitter ce site et pour mieux y revenir, profitez-en pour consulter aussi les sommaires du menu, il y a de nombreux sujets variés, très intéressants et instructifs, allez-y, jetez un oeil !
--------------------------------------
Votre aide est la bienvenue ! Vous désirez participer et me proposer des articles avec ou sans photo. Ce site c'est aussi le vôtre, utilisez cette opportunité. C'est l'occasion, vous voulez "partager" et faire découvrir votre village audois, la région, un itinéraire de rando, ou tout autre sujet qui vous tient à coeur, je me charge du montage et de la présentation sur le site ..., écrivez-moi, mon adresse email pour me joindre est indiquée ci-dessus.
L'aventure continue ... avec vous, toujours de plus en plus nombreux et fidèles lecteurs.